Les énergies dans les territoires, perspectives et défis

Quels sont les chiffres de l’énergie au niveau mondial ? Les territoires ont-ils un rôle à jouer dans cette transition énergétique ?

Temps de lecture :  3 min – 8 Décembre 2020 – L’équipe de LaVilleE+


éoliennes et panneaux solaires sur un paysage
Le dérèglement climatique auquel le monde fait face est en lien direct avec les émissions de gaz à effet de serre issue de l’énergie finale consommée. Il est au cœur des préoccupations environnementales des états. Bien que les stratégies au niveau des territoires se situent à des échelles différentes, des projets concrets et impliquant les parties prenantes locales voient le jour et contribuent à la transition écologique face à cette crise. 

Énergie, quelles énergies ?

Énergies et territoires, une ressource essentielle aux fonctionnements des territoires

L’accès à l’énergie est un facteur clé déterminant dans les conditions de vie des êtres humains. Elle représente un reflet important du développement économique. L’énergie possède des impacts environnementaux importants, du fait notamment de la dominance par les combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) qui produisent des gaz à effet de serre et sont responsables du changement climatique à l’échelle mondiale.

Pour atteindre les objectifs de la COP21, nous pouvons parler de transition dans les sources d’énergie qui permettra d’atteindre les objectifs climatiques mondiaux.

Les tendances de consommation sont en constante augmentation et cette consommation s’est accélérée depuis l’ère industrielle, notamment grâce à la découverte des énergies fossiles et à leur exploitation. Le recours aux énergies autres nucléaires et renouvelables ne vient pas substituer des usages ou de la consommation mais vient s’ajouter à la quantité d’énergie produite par les sources d’énergie fossile.

Le recours aux énergies fossiles, les controverses liées à l’énergie nucléaire ainsi que la consommation de métaux rares utilisées par les énergies renouvelables font qu’à ce jour, il n’y a pas de solution miracle lorsqu’il est question d’énergie. Les efforts et investissements déployés par les pays signataires des accords de Paris sont importants mais les efforts à fournir à l’avenir restent très importants.  

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Le problème de cette consommation d’énergie est, bien entendu, son lien direct avec la dégradation de l’environnement. Les conséquences du réchauffement climatique si des solutions ne sont pas trouvées. 

Énergie verte, décarbonée, renouvelable : quelle énergie propre en ville ?

La consommation d’énergies primaires consommées dans le monde augmente chaque année mais le mix énergétique global tend à changer depuis quelques années. Si à l’échelle mondiale, le charbon, le gaz et le pétrole sont les principales ressources consommées pour la production d’énergie, la part des énergies renouvelables augmente, chaque année, dans le mix énergétique. 

La situation en France est légèrement différente du constat à l’échelle mondiale. Le pic de consommation se situe en 2004 et la quantité d’énergie consommée chaque année diminue tout en développant le recours aux énergies renouvelables et le maintien du recours à l’énergie nucléaire, faiblement émissive de gaz à effet de serre.

A l’échelle européenne, une tendance ces 10 dernières années est également à la réduction de la consommation d’énergie, un pic est visible en 2006. La part des énergies renouvelables est également en hausse dans le mix énergétique.

L’Europe ambitionne de devenir un acteur clé dans cette transition énergétique. L’initiative lancée par l’Union Européenne à travers son “pacte vert” a pour objectif à horizon 2030 de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% par rapport à 1990, d’augmenter la part d’énergies renouvelables à 32% (de 20% à 25% pour la France) et d’améliorer l’efficacité énergétique d’au moins 32%. Ces mesures s’appuient sur des objectifs de réduction des émissions pour chaque État membre, des règlements contrôlant l’affectation des terres ainsi que sur le système d’échange de quotas d’émission de l’UE. 

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Bien que ces mesures fassent débat, notamment sur le sujet des quotas carbone, il est indéniable que les sujets de dérèglement climatique et de limitation des gaz à effets pèsent une part de plus en plus importante dans les politiques publiques. 

Néanmoins, malgré cette baisse de consommation dans les pays à revenu élevé, de grandes inégalités existent toujours dans le monde. A titre d’exemple, le citoyen américain moyen consomme toujours plus de dix fois l’énergie du citoyen indien moyen.

Le mix énergétique : quelle équation énergétique?

Les scientifiques s’accordent aujourd’hui sur le fait qu’il n’y a pas un mix énergétique  idéal unique. Les changements des modes de production d’énergies dans le mix global impliquent un processus long et des dépenses en infrastructures importantes  qui possèdent une forte inertie. Lorsque l’on parle d’énergies renouvelables, il faut avant tout identifier les atouts du territoire. Plusieurs facteurs tels que l’ensoleillement, la proximité à l’eau et l’exposition aux vents vont permettre de guider les investissements.

Pour aller plus loin : UN APPEL À L’ACTION ÉCOLOGIQUE : LE GUIDE ADEME “DEMAIN MON TERRITOIRE”

A l’échelle mondiale, les investissements dans les énergies renouvelables sont dominés par la Chine. Cependant, l’Europe investit aussi de façon importante dans ce domaine.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié un rapport le 27 mai sur les tendances d’investissement liée à la pandémie de Covid-19 ; « la plus forte baisse historique des investissements mondiaux dans l’énergie », cette chute devant affecter tous les principaux secteurs. Une estimation de chute serait de 400 Milliards de dollars soit 20% cette année par rapport à 2019. 

Les investissements dans les énergies fossiles sont également en déclin, ainsi en 2020, les investissements mondiaux dans le gaz et le pétrole pourraient chuter de près d’un tiers et ceux spécifiquement liés à l’industrie du schiste, « déjà sous pression », de moitié selon l’AIE.

A noter que la part des investissement dans les technologies « propres » ( y incluant les filières renouvelables, le nucléaire, l’efficacité énergétique et la capture, le stockage et l’utilisation du CO2 ) pourraient compter cette année pour 40% de l’ensemble des investissements mondiaux dans l’énergie, contre près d’un tiers au cours des années précédentes. L’AIE met en garde sur un risque de ralentissement des transitions énergétiques bas carbone à travers le monde lié à cette crise.


L’énergie en ville, des défis locaux

Les réseaux d’énergie : stockage, approvisionnement et pertes

Une optimisation de l’énergie est une question prégnante dans la réflexion des villes et des territoires. Les énergies renouvelables à gouvernance locale sont des pistes qui ont fait leur preuve en matière de sobriété énergétique et d’externalités positives pour les territoires. La particularité de ces projets tient au fait que les citoyens et collectivités ont le contrôle effectif du projet en étant actionnaires. Leur investissement est rémunéré par les dividendes grâce aux ventes de l’énergie produite sur la durée de vie du projet. Grâce à l’assouplissement de la législation française permise notamment par la loi de Transition énergétique pour la Croissance Verte en 2015, ces projets participatifs, souvent nommés projets EnR « citoyens », connaissent un développement accéléré depuis ces dernières années. 

Ces projets participent également à générer des retombées économiques pour les territoires. L’observatoire national des projets d’Énergie Partagé estime que pour 1 € investi dans un projet citoyen de production d’énergie renouvelable 2,5 € profitent au territoire grâce à la fiscalité, aux loyers, aux salaires, aux prestations et aux revenus de l’investissement.

Pour aller plus loin : Les chiffres clés de l’énergie citoyenne

Bien que les montants des investissements dans ces projets restent mineurs à l’échelle nationale, 4,3 Millions d’euros en France en 2019, ces derniers peuvent permettre d’impliquer les citoyens dans le cycle de production de l’énergie. 

Énergie fatale : comment valoriser toutes les formes d’énergie ?

On parle d’énergie fatale d’énergie de récupération ou énergie fatale lorsque, dans  certains processus ou produits, une énergie est produite et peut être partiellement récupérée ou valorisée. Cette énergie peut prendre différentes formes (chaleur, froid, gaz, électricité) et est émise par des procédés industriels, pour des usages dans les bâtiments, ou pour des usages du service public comme les déchets notamment.

Pour aller plus loin : TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ET BIOGAZ, UN NOUVEAU GAZ VERT POUR LE TERRITOIRE ?

En développant des techniques spécifiques de pointe, il est possible de récupérer une partie de l’énergie afin de réinjecter cette énergie de façon locale directement ou en la ré-injectant sur les réseaux. A l’échelle du bâtiment, cela peut être la récupération d’énergie sur les ascenseurs lors de la descente, ou la récupération de l’énergie émise par les “Datacenters” à l’échelle des villes et collectivités. Cela peut aussi être la récupération des calories issues de l’incinération des déchets. A l’échelle du quartier, il peut être imaginé des logiques d’implantation d’équipement tels que des serres  à proximité de stations de production de chaleur pour les réseaux de chaleur urbains. Les synergies à imaginer sont nombreuses et améliorent le rendement énergétique des installations. 

Exemple : “Chauffer un bâtiment grâce à un ordinateur”

Qarnot computing a été créé en 2010 et développe des solutions de radiateurs qui sont en fait des serveurs informatiques. A l’échelle du bâtiment cela permet de mutualiser l’énergie dépensée qui aurait été dépensée dans l’équipement informatique ainsi que dans le chauffage sans cette mutualisation.

Source

Exemple : La ferme Abattoir BIGH (Bruxelles)

La ferme dispose d’une pompe à chaleur, qui emmagasine la chaleur provenant du système de réfrigération du Marché alimentaire “Foodmet” (permettant ainsi de produire toute l’année) tout en réfrigérant les chambres froides des bouchers et des détaillants du Foodmet.

Cette chaleur alimente les serres et contribue ainsi à alimenter la plus grande ferme urbaine en Aquaponie d’Europe.

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