Quand la forêt s’invite en ville : les Forêts Miyawaki
Comment végétaliser la ville d’une manière durable pour créer des îlots de fraîcheur ?
Temps de lecture : 2 min – 25 juin 2020 – L’équipe de LaVilleE+

Alors que la population urbaine ne cesse d’augmenter et que la végétation quitte la ville, la question des îlots de chaleur se pose. Menaçant à la fois la biodiversité locale et le bien-être des habitants, plusieurs techniques se mettent en place pour limiter cet impact. La méthode des forêts Miyawaki en est une. Venue du Japon, cette technique allie écologie et ingénierie dans une logique locale et respectueuse de l’environnement. Elle remet au centre les écosystèmes et les espèces locales comme moyen de lutte contre le réchauffement climatique. Plus que des simples espaces verts, ces forêts sont aussi des vecteurs de création de solidarités citoyennes.
La technique Miyawaki, écologie et ingénierie
Végétaliser les villes, une nécessité
Alors que la question de “Confort été 2050” se démocratise dans une France qui compte plus de 70% de population urbaine, la recherche d’aménagement durable pour lutter contre les îlots de chaleur est centrale. Dans cette quête, il s’agit de végétaliser les villes pour créer des îlots de fraîcheur mais aussi préserver la biodiversité locale.
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Forêt Miyawaki : synergies naturelles et locales
Le concept Miyawaki est de recréer des espaces de forêts sur les espaces délaissés de la ville. Développé par le botaniste japonais Akira Miyawaki, cette technique se distingue par la haute densité des espèces végétales dans les espaces mais aussi par l’utilisation quasi-exclusive de plantes indigènes. C’est la pratique de reforestation de “végétalisation potentielle naturelle” qui se base sur les synergies “naturelles” qui se créent entre les espèces indigènes. Il s’agit de miser sur la localité et la force des écosystèmes.
“Ce qu’il faut, c’est une nouvelle approche écologique, à la mesure de notre époque.”
Akira Miyawaki [Article]
Un écosystème naturel indépendant
La technique Miyawaki permet donc de créer des espaces verts qui ne demandent pas de maintenance, ni produit chimique, ni fertilisants : l’écosystème s’occupe de tout. Shubhendu Sharma explique que « L’identification de la végétation naturelle potentielle nous indique toutes les essences autochtones d’un milieu donné. En sélectionnant uniquement les essences climaciques, et non les essences pionnières ou intermédiaires, qui se développent au cours du cycle sylvigénétique, il est ainsi possible de recréer directement la végétation d’une forêt native mature » [ARTICLE].
Un forêt urbaine stable et résiliente
Densité et complémentarité, maîtres mots de la technique
Étant en moyenne 30 fois plus denses qu’une plantation d’arbres classique et 100 fois plus riches en biodiversité, la création de forêts Miyawaki en ville a déjà fait ses preuves. À partir d’une surface de 6 places de parking, il est possible de recréer un espace vert dense qui, grâce à l’utilisation de plantes locales, va ramener la biodiversité de la région : une réelle forêt diversifiée en pleine ville, stable et résilient.
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Il est possible de noter par exemple des résultats très probants sur deux forêts urbaines parisiennes. De la végétation foisonnante de plus d’un mètre de haut en 26 mois est déjà visible sur le site de la Porte de Montreuil. L’aménagement “vert” de la Porte des Lilas est tout aussi encourageant avec une végétation clairsemée mais bien ancrée au sol, le tout en seulement 6 mois avec des plantes autochtones.
Le retour de la biodiversité indigène
Ces puits de carbone en pleine ville permettent à la fois de verdir la ville, de (re)donner de l’importance à la biodiversité locale mais aussi et surtout de valoriser les espèces natives qui sont menacées par le réchauffement climatique et l’artificialisation des sols. Cette démarche basée sur l’étude et la valorisation des écosystèmes locaux permet de renouer avec le concept d’une forêt pluriel, qui n’est pas organisé comme celle que nous avons l’habitude de nous représenter. Il s’agit de penser “les forêts”, où chaque espèce – végétale ou animale -, peu importe sa fragilité, trouve sa place. Même l’humain est concerné car c’est lui qui va venir planter cette forêt native.
“La forêt, dans notre langage courant, c’est un espace dominé par les arbres, mais ce terme cache presque autant de réalités qu’il existe d’essences d’arbres.”
ASSOCIATION Boomforest [ARTICLE]
“Créons des forêts vivantes ensemble” : les actions de l’association Boomforest
“Créons des forêts vivantes ensemble”
« Créons des forêts vivantes ensemble », tel est le mot d’ordre des passionnés de nature qui poussent – et font pousser – des forêts primaires avec le concept Miyawaki. L’organisation Boomforest développe ce concept avec de nombreux passionnés bénévoles. C’est ensemble que les bénévoles suivent les 5 phases de la technique du botaniste japonais : identification des essences autochtones et climaciques, production en pépinière, préparation du terrain, plantation participative et suivi de la forêt durant 1 à 3 ans. L’agrégation de tous ces “micro-forêts” permet de créer de véritable corridor naturel.
“Une forêt Miyawaki n’a aucun intérêt pour produire du bois. Sa raison d’être est sociétale, environnementale et paysagère.”
Nicolas de Brabandère
Un appel à la création et la réplication
Le concept permet d’imaginer demain de nombreuses et riches forêts de quartier, aussi vivantes que impénétrable car c’est la règle, la nature une fois établie vit sa vie ! Boomforest essaie donc d’encourager cette pratique partout en France où n’importe quel groupe citoyen peut tenter l’expérience peu importe le lieu : bas d’immeuble, friches, jardin, parvis, place, square, etc.