L’avenir des bureaux, mutations et perspectives des espaces de travail

Comment les bureaux classiques se réinventent-ils ? Quelles sont les opportunités offertes par une organisation du travail plus flexible et collaborative ?

Temps de lecture :  5 min – 30 Mars 2021 – L’équipe de LaVilleE+


Le modèle de bureaux classiques connaît des mutations de plus en plus accélérées et importantes, par le contexte de crise sanitaire actuel. La collaboration et la flexibilité semblent être les 2 nouveaux prérequis dans l’organisation de demain de ces espaces. Plusieurs scénarios d’hybridation du travail émergent donc. Entre coworking, micro-bureaux, flex office ou travail nomade, ces nouveaux modes de travail permettent d’imaginer de nouveaux scénarios et opportunités territoriales pour une société plus durable et résiliente. 

Modèle de bureaux classiques et télétravail, quel avenir pour les bureaux ?

Vers une mutation de l’organisation des bureaux 

La crise sanitaire de la covid 19 a accéléré la mutation des espaces de bureaux. En quelques semaines, ce sont près de 8 millions de Français qui ont commencé à travailler depuis chez eux en mars 2020, accélérant les transformations des espaces de travail. En Ile-de-France, Natixis estime même que le télétravail pourrait vider 11 millions de m² à l’horizon 2030. Ce sont donc des opportunités à explorer pour les territoires afin de dynamiser les activités et créer de nouveaux écosystèmes de travail et de production.

Les bureaux traditionnels individuels, fermés et dédiés doivent donc se réinventer en permanence, en lien avec les demandes et besoins des travailleurs.

“Il n’y a pas une réponse aux enjeux de demain. L’environnement de travail va évoluer mais on ne sait pas encore exactement comment.”

Frédérique Miriel, directrice « workplace, change management et R&D » de Colliers International France

Il s’agit aujourd’hui de trouver des modèles d’organisations hybrides de bureaux, prenant en compte à la fois les normes sanitaires, les nécessaires liens entre employés mais aussi et surtout les contraintes économiques.

Collaboration et flexibilité, les maîtres-mots des modes de travail de demain 

Le concept de l’espace de travail a évolué en même temps que la vision du travail. Ce dernier n’est plus caractérisé par un lieu mais comme une action. Cette action doit être mise au centre des modes d’organisation. L’appropriation des environnements de travail est donc un enjeu majeur pour les bureaux de demain. Cela est une condition nécessaire pour permettre le “faire ensemble ».

Ces modèles de travail dans des lieux dynamiques et innovants placent la collaboration et la flexibilité au cœur de leur vision du travail de demain. Le développement et la généralisation des outils numériques et de la digitalisation de certaines activités à d’ailleurs faciliter l’essor de ces méthodes. 

Entre salles de réunion connectées et espaces polyvalents consacrés au bien-être au travail, c’est un équilibre qui se crée entre logique de productivité et d’efficacité mais aussi de questions de liens humains et d’appropriation des espaces. De multiples concepts ont déjà vu le jour, prônant ces nouveaux modes d’organisation et environnements de travail comme La Caserne Niel à Bordeaux, la Boate à Marseille, la Cordée à Lyon et la Station F ou le Pavillon des Canaux à Paris, etc

Exemple : Le corpoworking, quand le coworking s’invite dans les bureaux traditionnels

Nouveau mode d’organisation, le corpoworking transpose les dynamiques du coworking au sein des bureaux traditionnels. Il consiste à ce que les collaborateurs d’une entreprise partagent leur espace de travail avec des travailleurs nomades. Cette forme de travail permet donc de créer un environnement de travail dynamique où différents acteurs se côtoient et peuvent échanger. 

De même, ce mode d’organisation permet aujourd’hui de valoriser certains espaces inoccupés dans les surfaces de bureaux traditionnels. Penser à rendre plus flexible le foncier de bureaux grâce à cette méthode est donc une clé pour optimiser les surfaces urbaines déjà existantes, favorisant une politique de réhabilitation – et non de constructions neuves. Cela constitue donc une clé pour mieux consommer l’immobilier consacré aux activités tertiaires.

Hybridation du travail et nouveaux bureaux, un scénario qui s’impose sur nos territoires

Réinventer notre lieu de travail, les bureaux comme noyaux

Le télétravail, qui s’est démocratisé avec les confinements successifs, a déjà montré certaines limites, notamment en termes de liens humains. Cela a mis en perspective l’importance des bureaux comme étant le noyau des interactions humaines d’une activité. Une étude réalisée par BNP Paribas Real Estate durant le premier confinement en France a d’ailleurs souligné que 38% des actifs éprouvent une volonté de revenir sur leur lieu de travail. 

« la crise sanitaire et l’essor du télétravail n’ont pas signé la fin du bureau car 81 % de nos répondants veulent continuer à aller au bureau. Pour quelle raison ? La fonction sociale du bureau »

Ingrid Nappi, professeur-chercheur à l’ESSEC et titulaire de la Chaire Workplace Management – source : étude “mon bureau de demain ” – chaire ESSEC Workplace

Le bureau a donc confirmé son importance dans les mécanismes de création de liens entre les travailleurs. Sa place reste donc centrale. Il s’agit toutefois de prendre en compte les nouveaux besoins des travailleurs en termes de flexibilité pour émanciper le bureau de ses rôles traditionnels de productivité. 

Le bureau doit devenir le noyau spatial des activités c’est-à-dire un lieu d’échanges et de transmission des savoirs : un véritable espace et temps de création. Créer des environnements de travail qui relient de façon positive le travailleur à sa tâche est donc devenu l’enjeu principal de ces espaces. Il s’agit donc de de mettre en place de nouveaux types d’organisations d’espace et de travail pour que les personnes se sentent plus à l’aise pour vivre et travailler. 

Une étude mondiale réalisée par la société Barco parue en octobre 2020, révèle d’ailleurs que les salariés prônent un modèle hybride flexible avec un rythme de 3 jours par semaine au bureau et 2 jours à domicile. Cette organisation particulière nécessite donc un certain investissement dans de meilleurs environnements de travail et notamment des équipements de visioconférence.

Pour aller plus loin : Espaces urbains, espaces publics: lieux de vie de tous les possibles

En route vers la démobilité, le développement des micro-bureaux ?

Le développement de ces nouveaux espaces et ces nouvelles organisations de travail peuvent offrir des opportunités concernant la re-spatialisation des activités tertiaires. Ces enjeux de mobilités sont des leviers clés pour imaginer le territoire durable et résilient de demain, se basant sur des principes de démobilité et de vie de proximité.

Ce travail nomade et de proximité est donc une véritable clé pour repenser les flux journaliers domicile-travail qui posent plusieurs problèmes territoriaux, allant des nuisances sonores, aux embouteillages en passant par la production de CO2. Développer des micro-espaces de travail dans les territoires peut donc permettre de limiter ces déplacements et favoriser le développement d’espaces de type coworking. 

Des outils existent déjà pour mettre en place de telles politiques. En géolocalisant le domicile des collaborateurs, il est possible d’étudier leur temps de trajets mais aussi de composer les meilleurs scénarios d’affections possibles en cas d’évolution ou d’implantation de nouveaux locaux, le tout plus proches du domicile des employés.


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