Les nouveaux modes d’habiter qui parient sur la communauté
Quels sont les nouvelles tendances en termes d’habitat se développant sur nos territoires ? Comment se différencient-elles des formes classiques de logement ?
Temps de lecture : 4 min – 1 Février 2021 – L’équipe de LaVilleE+

A l’heure de la densification urbaine et d’une pression toujours plus forte des demandes en logement, repenser les manières d’habiter nos territoires est essentiel. Plusieurs acteurs territoriaux et immobiliers imaginent et expérimentent déjà des nouveaux modes d’habitat, qui parient pour la majorité sur la communauté. Ces modèles innovent dans les services proposés mais aussi dans leurs formes qui privilégient la flexibilité et la mixité. Ces derniers se présentent comme un levier essentiel pour développer des territoires et des villes plus durables.
Réinventer les modes d’habitat, un nouveau mode de vie qui s’appuie sur le collectif ?
Vivre avec les autres et non plus à côté
Face à la montée des prix, à la difficile accessibilité au logement, à la raréfaction de foncier disponible mais encore à l’évolution des modes de vie, l’habitat se renouvelle et les innovations se multiplient. Les modes d’habitat demandés se veulent désormais de plus en plus participatif et communautaire. On ne vit plus à côté des autres mais avec eux. L’implication croissante des habitants dans la conception et la gestion de leur lieu de vie semble donc être un nouveau critère pour le développement des logements de demain.
Exemple : Smiile, un service pour une vie de quartier dynamique
Smiile est une plateforme proposant la mise en relation entre particuliers afin de dialoguer et de rendre des services – avec ou sans rémunération – à l’échelle d’un quartier. David Rouxel, CEO de Smiile explique ainsi “Aujourd’hui, si vous voulez vendre un meuble, faire du covoiturage avec votre voisin, ou faire réparer votre évier qui fuit, vous devez passer par autant de plateformes différentes, poursuit M. Rouxel. Smiile propose de tout avoir sur la même plateforme.”. Ce sont déjà plus de 500 000 utilisateurs répartis dans 40 000 réseaux de quartiers et de résidences qui ont adoptés cet outil basé sur le vivre-ensemble. Des villes comme Lyon sont d’ailleurs devenus partenaire de ce service, pour créer des quartiers intelligents, au sens humain.
De nouveaux modèles immobiliers attractifs
Aujourd’hui, plusieurs acteurs innovent dans ce domaine, élargissant l’offre de logements « classiques ». Parmi eux, le bailleur social Patrimoine SA qui a développé Co’coon. Des acteurs innovants arrivent aussi sur le marché comme Homnia ou Outside.
Ces formes nouvelles d’habitat tirent notamment leur force de leur souplesse et accessibilité en termes d’intégration urbaine, de leur réplicabilité mais aussi de leur prix.
Exemple : Une colocation pour seniors à Toulouse, le modèle de Co’coon
Co’coon est un concept de colocation pour les séniors développé par le bailleur social Patrimoine. Chaque logement comporte 3 à 4 chambres avec des salles de bains et des toilettes privatives, une pièce de vie et un espace extérieur communs – en plus d’une chambre réservée à l’accueil d’un aidant ou d’un proche. Cette forme d’habitat favorise le maintien à domicile des seniors en perte d’autonomie ou en situation d’isolement par une forme d’habitat collectif. Les locataires vivent ensemble, se partagent les tâches ménagères et mutualisent aussi les coûts, dans un cadre de vie agréable et dynamisant – à moins de 900 euros par mois. Aujourd’hui, ce sont déjà 4 logements qui ont été programmés à Toulouse, dans l’Hérault et dans le Tarn.
Ces nouveaux modes de vie réinventent le territoire et la vie de la cité. Elles témoignent de l’essor de nouvelles préoccupations au sein des citoyens et du développement de formes d’engagements alternatives. Combattre la sensation d’isolement et recréer des liens de solidarités dans les territoires en font parties.
Pour aller plus loin : Une solution immobilière pour dynamiser les territoires, le potentiel du coliving
Des modèles qui peuvent répondre aux enjeux liés à l’habitat sur nos territoires ?
Une nouvelle offre de logements plus larges et plus abordables
Ces formes d’habitat sont malléables et peuvent se greffer de différentes manières sur le territoire : logements neufs, immeubles, maisons, friches, etc. Se basant sur la mutualisation d’espaces, ces logements communautaires permettent de gagner une surface de plancher significative à l’heure d’une volonté grandissante de densification urbaine.
L’implantation de ces modèles est facilitée par de nouvelles opportunités techniques en termes de construction et de réhabilitation. La maquette numérique permet par exemple de se projeter dans l’espace afin de rendre plus ergonomique les espaces et est également un levier pour l’industrialisation de la construction. De même, la construction hors-site permet des constructions et des réhabilitions plus rapide, clé en main, tout en évitant les gênes que peuvent occasionner des modes de construction traditionnels .
Une clé pour développer la mixité sociale sur les territoires ?
Certains acteurs territoriaux voient dans ces habitats communautaires un nouvel outil pour promouvoir la mixité sociale sur les territoires, et même la solidarité citoyenne. Dans ces modèles d’habitat, le vivre-ensemble s’exprime directement dans les sphères privées, et non plus dans l’espace public – au risque d’un potentiel entre-soi à ne pas négliger.
La mutualisation des espaces et la vie en communauté semblent donc être une opportunité pour enrichir l’offre de logements abordables de haute qualité sur les territoires. Les municipalités commencent en ce sens à intégrer ces nouvelles formes d’habiter dans leurs plans de logements, en définissant des nouveaux règlements pour ces produits peu ordinaires il y a quelques années.