Pôles, filières, innovation, formation : quelles stratégies de développement territorial et d’attractivité envisager ?
Entre spécialisation et durabilité, quelles sont les différentes stratégies pour développer l’attractivité d’un territoire ? Comment assurer une offre territoriale dynamique tout en respectant une cohésion à toutes les échelles ?
Temps de lecture : 3 min – 9 Octobre 2020 – L’équipe de LaVilleE+

Les stratégies d’attractivité des territoires se reposent sur différentes stratégies : développement de pôles d’activités, mise en valeur des filières locales, innovation ou formation. Dans des espaces toujours plus compétitifs, trouver un équilibre entre spécialisation et durabilité est important pour un développement territorial durable et cohérent. Valoriser les ressources et compétences locales tout en encourageant les innovations dans le domaine permettent notamment de créer des boucles de valeurs vertueuses sur le territoire et même en dehors.
Développement territorial et attractivité
Quelles stratégies de développement pour les territoires locaux ?
Le développement de l’attractivité requiert une ou des mutations positives du territoire. La question des mécanismes et ancrages à utiliser pour atteindre cet objectif est centrale.
La présence de pôles d’activités, de filières locales, d’innovations ou encore de formations permettent d’envisager un dynamisme et des échanges moteurs. La place du local, la cohésion de la stratégie et la question du bien-vivre et de la durabilité sont des critères à prendre en compte pour un développement durable.
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Attractivité et compétitivité, faire territoire à l’heure de la mondialisation
Dans un monde globalisé, la question de l’attractivité et de la compétitivité doit être prise en compte pour penser le développement. Les territoires évoluent dans un cadre ultra-connecté et concurrentiel où les territoires cherchent à se démarquer. Comprendre les atouts et agir sur les structures économiques, sociales, administratives et politiques locales permet de prendre part au jeu de concurrence entre les territoires. Il s’agit de définir sa relation et sa stratégie vis-à-vis des différents flux. Faut-il capter les ressources extérieures ? Exporter sa production ? Valoriser son territoire ? Ce sont tant de questions auxquelles doivent répondre les territoires.
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Exemple : City branding et flagship, vendre un produit ou créer une identité ?
Une des stratégies de développement les plus populaires est le marketing territorial. Cela consiste à communiquer et à vendre le territoire désigné et ses particularités. Dans cette stratégie, le city branding consiste à positionner une ville en tant que marque auprès de cibles particulières. Par exemple, Venise en Italie est définie et représentée comme la ville de l’amour, ciblant comme public type des couples en termes de tourisme. De même, la technique du flagship consiste à développer une activité, un lieu ou une infrastructure particulière qui deviendra la vitrine du territoire. Cela lui permet de rayonner à travers cette identité particulière et d’envoyer une image positive du territoire, comme une marque. Ces stratégies de marketing territorial sont efficaces pour se démarquer mais peuvent poser des questions en termes de folklorisation des activités et des identités.
Pôles de compétitivité et développement durable, moteurs de développement
Clusters et pôles de compétitivité, la stratégie de la spécialisation
La création de différents pôles d’activités – c’est-à-dire un espace réduit concentrant des activités de même type ou complémentaire – permet de créer un avantage comparatif. C’est ce que l’Union Européenne appelle la “smart specialization”. Se spécialiser permet de se différencier en créant un cadre d’excellence qui se démarque d’une activité plus diffuse sur le territoire, permettant des hautes performances.
Cette stratégie permet aussi de créer une façade visible à l’activité développée. C’est un réel instrument de promotion permettant d’évoluer dans un secteur compétitif.
Les différents pôles d’activités peuvent communiquer entre eux, créant une sorte d’archipel. Cela peut s’exprimer à différentes échelles, de l’archipel métropolitain à celui mondial. Cette complémentarité d’activités permet de créer des synergies positives entre les différents secteurs et opérer des échanges de savoirs-faire et connaissances.
Exemple : Le plateau de Saclay dans le territoire du Grand Paris
Le plateau de Saclay dans l’ouest Francilien se transforme pour devenir un moteur pour le renouveau de l’industrie française et européenne. Ce projet de pôle d’excellence scientifique et technologique d’Innovation et Recherche met en relation sur le même territoire une dizaine d’universités et écoles, des centres de recherches et développements, des grandes entreprises ainsi que des PME et TPE. Il est intégré dans le plan du Grand Paris Express et sera connecté aux autres pôles de compétitivité du territoire : Roissy-Charles-de-Gaulle, le pôle des échanges internationaux et de l’évènementiel ; Villejuif-Évry, le pôle de la Santé ; Plaine Commune, le pôle de la création ; La Défense, le pôle de la finance ; Le Bourget, le pôle Aéronautique et Marne la Vallée, le pôle de la Ville Durable.
Filières locales, la mise en valeur des atouts territoriaux
La mise en valeur des atouts territoriaux et de ses ressources permet un développement plus diffus sur un territoire. Il s’agit d’augmenter les compétences territoriales et de tous les habitants. Cette stratégie est basée sur l’inclusivité et les flux propres au territoire. S’appuyer sur les savoirs-faire locaux permet de se différencier et d’exceller dans les activités promues. Soutenir ces particularités localement est important pour les filières afin qu’elles puissent se développer et continuer à produire et proposer localement leurs activités et services.
Exemple : La filière forêt-bois dans les Landes, tradition et attractivité
Dans son schéma d’aménagement et de développement durable, le département des Landes et sa vision pour 2040 définit ses différents points d’ancrage pour un développement durable avec la forêt et la filière bois en son cœur. Avec un taux de boisement d’environ 62%, les Landes est le territoire le plus boisé de France métropolitaine. “La forêt sert à la fois de poumon écologique, de moteur économique et de lien social. En d’autres termes, elle garantit la salubrité et l’équilibre écologique du pays, donne à la région les emplois et la valeur ajoutée qui assurent sa pérennité et constitue un lieu de vie, d’activité, de repos, de détente et de loisirs” selon le Schéma d’Aménagement et de Développement Durable dans la vision Landes 2040.
Le département veut dans ce sens accentuer le développement de nouvelles activités autour de cette filières traditionnelle comme la construction en bois ou le bois-énergie.
Source
De même, valoriser ses filières peut aussi être une source d’attractivité dans le paysage global. Il s’agit de la stratégie de “consuming authenticity”. Développer cette stratégie signifie aussi se poser la question d’affirmation ou de folklorisation des activités comme vu plus haut. Un équilibre est à trouver pour créer un véritable système durable et soutenable.
Un développement territorial cohérent
Partenariats, véritables catalyseurs pour créer une boucle de valeurs vertueuses
Créer des synergies et une complémentarité entre ces différentes stratégies permet de créer une boucle de valeurs vertueuses. La coopération agit comme un catalyseur de développement pour les différents modèles.
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Il est possible de concevoir le pôle comme un orientateur stratégique et la filière comme l’effort collectif. En fait, les performances économiques d’un territoire dépendent de la qualité des relations entre les acteurs présents. Assurer une réelle cohésion entre les activités économiques permet de rayonner à l’échelle territoriale mais aussi globale. En intensifiant l’usage des ressources locales, il s’agit de repenser le modèle de la ZAE face à la compétition entre territoires.
Exemple : Le Schéma de Développement Économique (SDE) du Lot-et-Garonne : ZAE et filières locales
Dans le cadre de son SDE, le département du Lot-et-Garonne a décidé de soutenir le développement des ZAE sur son territoire afin de mettre en valeur les filières locales. Les zones d’intérêt régional existantes – le Pôle d’Activité de Samazan-Marmande Sud, le Pôle de la Confluence de Damazan et l’Agropole d’Estillac – mettent donc un point d’honneur à valoriser, entres autres, les filières du bois, de l’agroalimentaire et de l’énergie. Le département veut se créer une véritable identité concernant sa production et devenir une référence dans la valorisation des ressources et compétences locales.
Coopérations, l’art de créer des espaces transactionnels inter-territoriaux
Le dialogue et la coopération entre les différentes échelles territoriales permettent de lutter contre les potentielles divergences d’intérêts des entités. En créant une démarche de développement inter-territoriale coordonnée, les territoires se dotent d’une stratégie multi-scalaire qui garantit une meilleure stabilité ainsi qu’une compétitivité globale plus forte.
Exemple : Aerospace Valley, de Bordeaux à Toulouse
L’Aerospace Valley entre Bordeaux et Toulouse est une association de différentes activités dans le secteur de l’aéronautique. Plusieurs territoires du Sud-Ouest de la France profitent et renforcent cette dynamique territoriale en s’appuyant sur la vitrine de l’industrie toulousaine et bordelaise. Cette complémentarité et coopération des territoires permet aux deux régions de la Nouvelle-Aquitaine et de l’Occitanie de renforcer leur rang mondial dans le domaine. Cela permet de lutter contre les phénomènes de délocalisation et garantit grâce un important développement territorial.