La ville en rythmes : l’essor du chrono-urbanisme, de la ville du quart d’heure et de la ville malléable
Comment la ville évolue-t-elle pour devenir plus inclusive, vibrante et saine ?
Temps de lecture : 2 min – 16 Juin 2020 – L’équipe de LaVilleE+

Les villes se modifient par la manière dont on y vit et les usages que l’on en attend. Les modes de vie changent et leurs rythmes évoluent. Cette notion du temps est de plus en plus invoquée dans la fabrique des territoires, propulsée par nos modes de vie toujours plus mouvants. Les modèles de chrono-urbanisme, de la ville du quart d’heure et de la ville malléable sont donc devenus courants comment moyens d’aménager la ville.
Ville en rythmes, villes durables ?
Des espaces et des usages mouvants
Les villes se modifient par la manière dont on y vit, les usages que l’on en attend. Les modes de vie changent et leurs rythmes évoluent ; en un siècle l’espérance de vie a augmenté, le temps de travail s’est réduit, le temps de sommeil a diminué créant ainsi de nouveaux besoins. L’habitant est devenu polytopique, il investit plusieurs lieux et est polyactif – vie professionnelle, familiale, loisirs. Alors que les modes de vie d’aujourd’hui sont mouvants, les cadres de vie restent majoritairement statiques.
La pandémie du COVID-19, le recours au confinement, ainsi que la limitation des déplacements ont entraîné les villes dans des modes de fonctionnement inédits et différents. La proximité des lieux a ainsi joué un grand rôle dans la qualité de vie qui était offerte aux habitants créant parfois des inégalité urbaines.
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Réinvestir la notion de temps dans la fabrique territoriale
Depuis plusieurs années des architectes urbanistes ont repensés les villes de demain pour offrir un confort de vie aux usagers. Ainsi le chrono-urbanisme et ses successeurs sont désormais réinvestis par les politiques publiques de développement des villes et poussés par les habitants pour répondre à l’évolution de leurs besoins.
Le Chrono-urbanisme, la ville malléable et la ville du quart d’heure sont des concepts qui prennent en compte ces nouvelles notions de temps, d’usages et d’espace. Ils influent l’urbanisme pour créer la ville de demain, inclusive, vibrante et saine.
Rythmes et modèles territoriaux
Le Chrono-Urbanisme
Le chrono urbanisme de l’urbaniste et sociologue François Ascher, mouvement urbain précurseur de la fin du XXème siècle, met la temporalité du citadin au cœur de la conception de son lieu de vie. Ce regard propose de repenser la ville dans sa temporalité en pensant en même temps la ville qui travaille, la ville qui dort, la ville qui s’approvisionne et la ville qui se divertit pour sortir du zonage urbain alors essentiellement conçu de façon spatiale.
Ce courant urbain conseille par exemple d’étendre les plages horaires d’accès de lieux de services publics mais également des lieux de vie ainsi que les temporalités du secteur privé afin de réduire les ségrégations temporelles des citadins. Il conseille également de concevoir, de réaliser et de gérer les villes non plus seulement avec le cadre du bâti mais en prenant en compte impérativement les flux et les emplois du temps dans ces 3 axes ; conception, réalisation, gestion.
Cette nouvelle ville « chrono-urbaine » reflète la manière dont la ville doit s’adapter à ces différentes temporalités, les différents usages d’un même lieu en fonction de l’heure de la journée, afin d’offrir le confort attendu par ses usagers, d’être attractive et d’offrir une qualité de vie.
La Ville du Quart d’Heure
La notion de ville du Quart d’heure, portée par l’Urbaniste Carlos Moreno notamment, s’attache à imaginer une ville où les fonctions sociales urbaines essentielles « habiter, travailler, s’approvisionner, se soigner, apprendre, s’épanouir » sont toutes accessibles en moins de 15 minutes à pieds ou à vélo.
C’est une ville qui crée du lien grâce à la technologie, aux collaborations et au maillage urbain. Elle propose d’associer à chaque espace – commerces, logement, loisir, travail, etc – un rayon d’accès pédestre ou cyclable afin d’augmenter le confort tout en permettant une mobilité douce favorisant les déplacements durables.
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La ville se met à la disposition de ses habitants en adaptant les usages urbains aux modes de vie et aux besoins humains. Cette ville du quart d’heure se repense en intégrant une mixité de service et d’usage et en privilégiant la densité urbaine à l’étalement urbain pour offrir une ville à échelle humaine.
La Ville Malléable
La Ville Malléable, théorie du géographe Luc Gwiazdzinski, préconise un plus grand recours aux leviers temporels dans le développement urbain durable. La modularité des lieux, l’organisation de l’alternance dans les lieux, la polyvalence et l’hybridation des lieux sont quelques exemples de la façon dont les habitants des villes peuvent investir leurs quartiers. La ville malléable insiste les notions d’urbanisme temporaire et temporel, tout en promouvant une métropole malléable et adaptable.
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Concevoir la ville en fonction des temporalités humaines, saisonnières, comme un organisme vivant connecté à l’humain évoluant au fil, des jours de la semaine, des saisons, des nouvelles pratiques c’est se prémunir d’une ville morte et délaissée.
Des villes déjà en mouvement
La ville de Melbourne a choisi de répondre à la future croissance de ses quartiers par le concept de « 20-minutes Neighbourhood ». Ce projet de longue durée, de 2017 à 2050, a intégré un test préalable dans 3 quartiers existants de la ville et a impliqué un travail avec les communautés des quartiers, pour traiter les problèmes locaux de transport, de santé, d’environnement et d’économie. Les conclusions de ces pilotes ont dessiné la feuille de route de l’aménagement des nouveaux quartiers.
Ottawa – quartiers anciens et Nouveaux – La ville d’Ottawa a quant à elle décidé d’intégrer des « 15 Minutes Neighborhoods » pour ses nouveaux quartiers et quartier existants avec pour objectif de réduire la dépendance à la voiture, promouvoir la santé sociale et physique, et les communautés durables.
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D’autres projets sont en réflexion dans les villes de Nantes, Rennes, Paris notamment mettant au cœur de l’aménagement urbain l’usage et le temps comme facteurs déterminants.